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Cérémonie d’hommage à Samuel Paty

Discours de Sophie Rigault, Maire de Saint-Michel-sur-Orge

Vendredi dernier, en sortant de son collège, un professeur a été sauvagement assassiné, décapité en pleine rue. Ce professeur avait un nom. Il s’appelait Samuel PATY.

Et si nous sommes réunis ici ce soir, c’est pour lui. Ce soir, notre République a un visage, un nom. Samuel PATY. C’est le nom d’un homme. D’un père. D’un mari. D’un fils. D’un collègue. D’un ami.

Samuel Paty, c’est aussi le nom d’un héros. Car aujourd’hui, exercer simplement et correctement son métier d’enseignant, transmettre des valeurs républicaines, relève de l’héroïsme. Au même titre que les policiers, les travailleurs sociaux, ou le personnel médical, les enseignants se trouvent souvent en première ligne pour affronter des situations compliquées.

Depuis plusieurs années déjà, de nombreux enseignants ont signalé des incidents, des entorses à la laïcité, des entraves à la République. On a vu poindre les premiers « oui mais… » diffusés sans limite sur les réseaux sociaux où il est facile, caché derrière son écran, de partager des messages de haine.

Malheureusement, ces signalements sont rarement suivis d’effet par une hiérarchie qui préfère « ne pas faire de vague ». Alors, au lieu de régler le problème, on l’enterre. On demande au professeur de bien vouloir s’excuser de sa maladresse, et on le blâme d’avoir « provoqué » voire même « discriminé ».

Pourtant, l’éducation est le meilleur et le seul remède contre toutes ces atrocités : car le dénominateur commun à tous les défenseurs de l’horreur, c’est bien la misère intellectuelle.

La lutte contre tous les obscurantismes passe par l’école et ceux qui la « font ». Mesdames et messieurs les enseignants, la République a besoin de vous pour créer des citoyens éclairés capables de la défendre.

Parce qu’il faut bien mettre des mots sur ce qui est : la République est menacée. Et elle est menacée par des terroristes islamistes, ces « déséquilibrés » selon la formule consacrée, qui s’appuient sur une idéologie politico-religieuse.

Et comment peut-on combattre ce fléau, si on n’arrive même pas à le nommer clairement ?

Mais il faut mettre le curseur au bon endroit : ce que l’on combat, c’est l’islam politique, porté par des extrémistes. En aucun cas, on ne combat une religion. Car dans notre pays, depuis la loi de 1905, chacun est libre de croire ou de ne pas croire.

C’est cela la laïcité, c’est la liberté de conscience.

C’est assurer à tous le droit d’avoir ou non une religion, d’en changer ou de ne plus en avoir.

C’est la séparation des institutions publiques et des organisations religieuses. Cela signifie que l’Etat n’a pas de religion et que ses lois priment sur tout.

La laïcité garantit le libre exercice des cultes mais aussi la liberté vis-à-vis de la religion : personne ne peut être contraint au respect de dogmes ou de prescriptions religieuses.

La laïcité n’est pas une opinion parmi d’autres, mais la liberté d’en avoir une. Elle n’est pas une conviction mais le principe qui les autorise toutes, dans le respect de l’ordre public.

Se réunir pour dire ensemble, NON à la haine, NON à l’obscurantisme, faire vivre « l’esprit du 11 janvier », c’est important. Mais le dire chacun de son côté résonnera toujours moins fort que de le crier ensemble, d’une seule et même voix. Puissante.

Et je veux dénoncer ici le bal des hypocrites. Ceux qui sans aucune gêne ont défilé dimanche, alors même qu’ils ont aussi contribué à légitimer la sauvagerie, à force de discours victimaires et racialistes. Ces pompiers pyromanes qui depuis des années, pour de basses raisons électoralistes, ont dessiné des cibles sur le dos des journalistes, ont fait de notre drapeau un objet subversif, ont attisé le feu dans les banlieues…

Aucune difficulté sociale n’excusera jamais un acte terroriste.

Oui, je le dis haut et fort : la récupération politique d’un événement aussi dramatique est abjecte. Les extrémismes, tous les extrémismes, qu’ils soient politiques ou religieux, constituent un danger pour notre République.

Car il n’y a pas et il ne doit pas y avoir de « oui mais… ».

Personne ne doit mourir pour un dessin. Aucune fatwa n’a sa place en France.

Comme beaucoup d’entre vous, j’attends des actes forts de la part de l’Etat.

Car cela fait trop longtemps que nous nous réunissons pour pleurer, allumer des bougies et brandir des slogans. Et je crois qu’il est légitime d’être en colère :

  • quand des enfants sont assassinés, la tétine à la bouche, dans leur école,
  • quand des journalistes sont massacrés pour une caricature,
  • quand des familles sont écrasées sous les roues d’un camion un 14 juillet,
  • quand des policiers sont égorgés sous les yeux de leur fils de 3 ans,
  • quand des spectateurs sont criblés de balles lors d’un concert,
  • et quand un professeur est décapité en pleine rue.

Oui, nous avons le droit d’être en colère. Nous en avons même le devoir. 

Aujourd’hui, je suis fière de nous voir réunis si nombreux pour affirmer notre attachement aux valeurs républicaines.

Je crois beaucoup à la force des symboles.

Parce que nous refuserons toujours leur obscurité, je souhaite que toutes nos bougies allumées forment un feu ardent, celui de notre attachement viscéral à nos valeurs, celui du courage de les défendre, celui de notre liberté.

Nous sommes la République !

Vive la République ! Vive la France !

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